Achaque événement climatique, sécheresse ou précipitations, ma pensée va aux espaces verts urbains, sachant la coupable négligence dont ils sont victimes de la part des autorités municipales. En effet, il y a si longtemps qu’on ne les voit plus entretenir de tels espaces, faute de moyens matériels et humains, nous dit-on, mais surtout faute de conscience citoyenne selon votre humble serviteur, que la survie de ces périmètres dépend pour l’essentiel des aléas climatiques, en ces temps de changements climatiques. Alors je m’inquiète en périodes de retenue d’eaux tombant du ciel ou, au contraire, de surabondance des précipitations et je me réjouis lorsque l’« arrosage » naturel est approprié.
Je me fais surtout du souci pour ce square inauguré en grande pompe en début des années 2000 en même temps que l’ouvrage d’art auquel il était destiné en tant qu’élément de décoration paysagère, je veux dire le viaduc qui relie la banlieue nord de la capitale à celle opposée à hauteur du port de Radès. En ce temps-là, ce « parc » bellement aménagé au pied de l’ouvrage sur l’isthme reliant la Goulette à Tunis, semblait promu à un bel avenir. En effet le bureau d’études qui avait remporté l’appel d’offres lancé pour sa réalisation et, par la suite, pour son entretien, appartenait via des voies tortueuses au neveu du chef de l’Etat régnant et (accessoirement ?) ministre de l’Environnement. Un contrat juteux comme en rêvent bien des entrepreneurs du secteur.
Les plants ont survécu à leur maltraitance,
hormis de très rares cas qui ont capitulé
Puis survint la Révolution et son cortège de conséquences. Et mes premières inquiétudes pour le devenir de cet espace. Qu’allait-il en advenir ? Je me posais cette question quasiment tous les jours, en parcourant ce segment de la desserte de la capitale par le train dit TGM qui le traverse sur toute sa longueur. Le contrat de son entretien étant — je le présume — devenu caduc, de quelle tutelle relève-t-il maintenant, surtout qu’il est situé dans une zone indéterminée entre les communes de La Goulette et celle de Tunis ? Qui va se charger de son entretien, arrosage et élagage en temps nécessaires ?
Au fil des mois et des ans — Dieu que le temps passe vite ! Déjà une douzaine d’années…-— je m’apercevais que mes appréhensions n’étaient pas infondées. De très rares fois j’ai aperçu depuis la fenêtre de mon wagon un ou deux jardiniers effectuer des « tournées d’eau », deux fois — peut-être — j’ai observé un « toilettage » au faîte de ces plants qui, vaillamment, ont survécu à leur maltraitance, hormis de très rares cas qui ont capitulé devant l’insouciance des responsables.
Alors, après cinq années de sécheresse quasi absolue, vous devinez mon soulagement, que dis-je ? mon bonheur lorsque, la semaine dernière, une pluie fine, abondante et prolongée est venue gorger d’eau la région de Tunis. Je me suis senti revivre en pensant à tous les espaces verts négligés, plus particulièrement à celui-là.